Les théories d'engagement et l'adhésion des personnes - première partie.
La question de l’adhésion des personnes aux actions entreprises est une question centrale quand on met en place des parcours d’insertion. Cette adhésion devrait, si l’on y réfléchit, couler de source, être naturelle de la part des personnes que l’on accompagne puisque le service d’accompagnement leur propose de les aider à améliorer leur situation.
Pourtant, refus d’aller sur une action collective, impératif de dernière minute, absences régulières et ponctuelles aux entretiens, passivité chronique en face du praticien, etc… sont quelques unes des manifestations les plus courantes de la non adhésion des personnes.
L’adhésion, au coeur de nos métiers, n’est jamais chose facile à obtenir. Dans la culture du résultat, elle est devenue même, pour de nombreux dispositifs, un indicateur que l’on surveille de près tant les conséquences sont nombreuses.
Citons parmi ces conséquences
* La démotivation, le découragement des praticiens mettant en oeuvre de nombreuses actions, fait des propositions, s’active sans qu’en face il arrive à mobiliser la personne qu’il est censé accompagner.
* Citons celle du coût pour la collectivité qui finance des actions que les personnes ne vont pas finir, voir des fois pas entamer, ou pour lesquelles l’efficacité restent à démontrer tellement les personnes accompagnées ont des difficultés à s’en saisir.
* Citons encore, et c’est peut être la pire des conséquences, les dérives professionnelles, dues d’ailleurs sans doute aux deux premières, des changements de posture des professionnels de l’insertion dont nous pouvons citer les 2 principales rencontrées lors de nos travaux :
1. La « tendance emphatique » pour qui la non adhésion relève de l’incapacité cognitive et regroupe une catégorie de public « qui de toute façon ne retrouvera pas d’emploi (ou de solution)». En gros, c’est foutu pour eux et ils sont victimes. C’est la faute de la conjoncture, de la société, de pas de chance….. Si elle n’adhère, celle qu’elle en est incapable. Découragement ?
2. La « tendance néo-libérale » que l’on voit se développer sous des formes diverses mais qui prend racine dans la conviction que si les personnes n’adhérent pas c’est soit que ce sont des « fainéants », que de toute façon « ils ne veulent pas travailler », soit qu’elles ont des stratégies « alternatives ». Les solutions préconisées sont souvent celles de plus de sanctions, plus de pression, de contrôle.
Dans les 2 cas, il s’agit d’un assujettissement de la personne que l’on est censé accompagner. On ne parle plus d’accompagnement mais plutôt dans un cas traitement social (on maintien la personne dans sa situation), dans l’autre de violence institutionnelle exercée sur les plus démunies.
On se situe clairement dans le champ des dérives professionnelles. Et ces dérives ne permettent pas d’obtenir les résultats pour lesquels les dispositifs d’accompagnement existent. Au contraire, elles génèrent des non résultats et des coûts sociaux et financiers encore plus importants pour la collectivité.
Pascal Chiucchini