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S'aider de la philosophie

En 1530, Michel-Ange trouva son lieu profond. Au service de l’insurrection quand Florence se révolta contre les Médicis pour restaurer la République, il se retrouva sur la liste noire du pape Clément VII (un Médicis) quand les Médicis reprirent Florence. Grâce à la complicité du prieur de la basilique, il se cacha alors là où nul n’aurait l’idée de le chercher : dans les sous-sols de la basilique San Lorenzo, la propre église des Médicis ! Il y resta confiné jusqu'à ce qu'il obtienne le pardon du pape. Pendant trois mois dans la sacristie, les murs de la cave servirent de tableaux à l'artiste et ses dessins au fusain ne furent découverts qu'en 1975 lors de travaux de restauration.

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Le lieu profond, lieu de la philosophie

Nous devrions tous avoir un endroit incongru où nous protéger – sans vraiment les fuir – des tumultes du monde. Où continuer de créer, inconfortable mais à l’abri, dans un vertige immobile et sûr. Où attendre que les véhémences s’apaisent et que l’air soit enfin purifié. La possibilité d’une suspension de l’espace, des menaces et du temps. Un lieu profond.
C’est ce lieu profond que la philosophie réserve et préserve. Je vous invite à lire cet entretien récent sur la philosophie, où j’ai pu exposer ma vision de son enseignement et ma critique du « philosophiquement correct », en citant notamment Dominique Lecourt : « Ce qui importe, ce n’est pas que quelques philosophes deviennent populaires, mais que les citoyens puissent s’aider de la philosophie pour résoudre les problèmes qui se posent. »

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« Re(penser) la philosophie aujourd’hui », entretien (septembre 2020).

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L’IA est le propre de l’humain

Et c’est le lieu profond qui est mis à mal par la cybermodernité : dépliage constant de l’intime, automatisation tendancielle des choix, virtualisation des murs et traçabilité des positions. L’Intelligence artificielle (IA) n’est-elle pas à la fois notre fantasme atavique et le pillage en règle de nos lieux profonds ? J’abordais ce paradoxe lors de notre dernier philolive du dimanche soir, « Éthique de l’Intelligence artificielle ». Ci-dessous, un extrait sur le risque de démission humaine face aux séduisantes prises en charge par l’IA. (Si vous voulez participer au Lab’Oratoire d’Idées de dimanche prochain, à 20h20, abonnez-vous à ma chaîne Youtube et activez les notifications.)

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Extraits du Lab’Oratoire d’Idées nº16 (27 septembre 2020).

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L’intelligence connective

De nos jours, les lieux profonds se numérisent aussi ; ils trouvent même dans la digitalisation leur sacristie la plus souveraine. Des résistances s’organisent donc sur les réseaux pour garantir la co-élaboration des connaissances et leur circulation libre dans le débat critique.
Dans un entretien au Parisien, j’analyse la force de l’intelligence connective (ou « Inex », « nexus » signifiant « lien ») en prenant le site Wikipédia comme exemple : « L’intelligence connective s’intéresse aux arguments, pas aux personnes qui les portent ».

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« Wikipédia, les dessous d’un succès », entretien sur l’intelligence connective dans Le Parisien.

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Le clin d’œil : Libres d’aimer

Et l’amour, lieu profond suprême ? Cet été, j’ai animé un atelier de cinq jours sur le « Célibat solaire ». On se plaint beaucoup d’être célibataire, et l’on plaint nos amis qui vivent « seuls ». Mais c’est une question de point de vue… Et si l’amour pouvait s’épanouir davantage hors-couple et hors-cadres ? Et si l’amour de la liberté impliquait la liberté d’aimer ? Il en coûte toute l’énergie de l’ego pour maintenir l’amour en des lieux superficiels.

 
 
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